APPRIVOISEMENT
Pour s’apprivoiser un peu avant de se lancer dans l’approche du Dr Glasser, j’ai glané quelques notions de psychologie bien connues qui pourront nous servir de pont. En fait, je souhaite vous faire vivre un peu ce moment où la Théorie du choix m’est apparue tellement familière parce qu’elle servait de ciment à toutes sortes d’expériences et de connaissances acquises.
Les deux premiers exemples sont de l’ordre de nos PERCEPTIONS, le troisième de l’ordre de notre MONDE IDÉAL (désirs personnels) et le quatrième de nos COMPORTEMENTS. Ainsi, j’introduis des classifications du fonctionnement du cerveau comme système de contrôle de notre équilibre de vie selon Glasser en relation avec notre RESPONSABILISATION de notre bonheur.
Défi ou problème
Par exemple, vous êtes sûrement familiers avec l’importance de percevoir un défi à surmonter au lieu de percevoir un problème à résoudre! La perception d’avoir un défi au lieu d’un problème apporte un point de vue mobilisateur face aux difficultés de la vie humaine. Le défi reconnait honnêtement l’obstacle et il fait écho à nos ressources disponibles pour se retrousser les manches et faire face à la situation. Par contre, la perception d’avoir un problème nous renvoie au rôle de victime. Puis, indirectement, notre énergie de résilience est détournée vers la recherche d’un coupable. Ce mécanisme de protection est en fait une fuite devant la responsabilisation du défi qui s’offre à nous.
Parler en « Je » au lieu de parler en « Tu »
Cette règle d’or de la communication dans la résolution des conflits fait le partage entre ce qui m’appartient et ce qui appartient à l’autre. Du moins, qui m’entraîne à faire la différence entre ma perception du conflit et la perception de l’autre. Comme elle révèle mon opinion et mes sentiments sans attaquer personne, l’autre est invité à accueillir ce que je ressens comme j’essaie, moi-même, de comprendre son senti. Ainsi, l’autre est plus disponible pour parler de l’événement en cause au lieu d’être en réaction contre moi. Lorsque les deux personnes se donnent ce cadre de communication, l’humilité et le souci d’un compromis acceptable pour les deux partis se pointent invariablement à l’horizon. Au pire, si la mésentente perdure, si chacun reste sur ses positions, sans compromis, il y a plus de chance que chacun comprenne les raisons et les sentiments portés par l’autre dans ce conflit. Ainsi, chacun aura plus de possibilités de se responsabiliser dans ses prochains comportements.
Nommer ses désirs au lieu de nommer ses frustrations
Cette autre règle d’or de la communication est en écho direct avec la précédente. En effet, lorsque je nomme mes désirs, je suis enclin à parler en « Je », alors que de nommer mes frustrations me déresponsabilise en me dirigeant invariablement dans un mécanisme de confrontation avec l’autre en orientant ma communication en « Tu ». De plus, par l’expérience, vous remarquerez que le « Je » suscite une communication plus paisible que le « Tu ». Par exemple, « J’aimerais que ta chambre soit rangée » au lieu de « Tu laisses toujours tout traîner »; « J’aimerais passer la soirée avec toi » au lieu de « Tu vas toujours chez ta mère après le souper »; « J’aimerais que nous planifiions nos vacances » au lieu de « Tu es toujours à la dernière minute »; etc. La communication de mes désirs me responsabilise parce que j’assume les pensées et les émotions contenues dans ma demande.
Conséquence ou punition
La conséquence responsabilise l’enfant. La conséquence annoncée de fermer le téléviseur, si l’enfant ne baisse pas le son, responsabilise l’enfant dans la gestion de son loisir. Le priver du téléviseur est une conséquence de son choix de ne pas baisser le son. Interdire à l’enfant d’aller jouer dehors n’est pas en lien – en conséquence – avec le fait de ne pas respecter la consigne de l’écoute du téléviseur. Ici, on parle d’une punition sans but formateur. Aussi, il y a le risque de punir pour le « bien » du parent! « Va dans ta chambre, je veux avoir la paix! »
Je vous partage un exemple personnel qui précise ce glissement vers la punition. Ma fille joue au Lego avec mon neveu dans une autre pièce (8 et 9 ans). Elle arrive en pleurant en disant que son cousin lui a lancé une pièce de Lego. Elle me montre le coin de son œil tout rouge. Je comprends que le morceau de Lego a été lancé avec force pour laisser cette blessure. À ce moment, je n’étais pas vraiment disponible pour intervenir dans ce conflit. En plus des occupations quotidiennes, je vivais un stress lié à mon emploi. Bref, je me lève d’un bond, j’ouvre la porte, je saisi un morceau de Lego et le lance agressivement vers mon neveu. « Voilà, c’est ça recevoir un morceau de Lego. Sors de la pièce! C’est terminé ». Puis, je quitte tout stressé pour poursuivre mes occupations. Après quelques instants, comme j’étais à mes débuts de compréhension de la Théorie du choix, je me revoyais dans cette situation et je n’étais pas fier de moi. Ici, mon neveu a été puni pour son geste. On ne parle pas de conséquence éducative. De plus, c’était une punition qui avait soulagé l’adulte et non éduqué l’enfant. Finalement, cette situation m’a appris une autre chose… Mon neveu, à qui j’avais aussi partagé quelques notions de la Théorie du choix, est revenu me voir et m’a demandé s’il était en punition ou en conséquence… À ce moment, j’ai compris que les notions de la Théorie du choix sont assimilables pour les enfants, s’ils baignent dans une culture familiale de la responsabilisation de leurs choix. Comprenons que j’aurai pu avoir annoncé le retrait dans la chambre ou avoir annoncé que le jeu de Lego est terminé si la situation s’envenime. Ce qui semble une punition dans le sens traditionnel du terme. La différence est de redonner la responsabilité du geste fautif à l’enfant en lui ayant annoncé la conséquence à l’avance et en proposant une possibilité de réparation pour qu’il se responsabilise la prochaine fois dans ses activités de loisir. L’enfant acceptera plus facilement un retour sur l’événement pour lui permettre d’envisager un plan de réparation, de réconciliation et de meilleures conditions pour la suite du jeu en harmonie. Plus loin, nous verrons comment ce processus peut s’intégrer et s’adapter de l’enfance à l’adolescence.
Comme les situations varient à l’infini, il ne s’agit pas de vous donner mes propres recettes. Plutôt, j’aime mieux vous convier à un apprentissage des fondements de la Théorie du choix pour que vous puissiez accompagner votre enfant sur le chemin de la responsabilisation progressive de sa vie selon vos valeurs. Plus loin, nous verrons que cette approche s’adapte au milieu scolaire avec des élèves, en thérapie avec des clients ou en entreprise dans le cadre de la gestion du personnel. Puis, peut-être arriverez-vous à ma conclusion que nous sommes les premiers bénéficiaires dans cette démarche de responsabilisation de notre bonheur?
La Théorie du choix m’a confirmé tellement de notions en psychologie et d’intuitions émanant de ma profession ou de mon rôle de parent. Bref, l’approche de William Glasser ne me semblait pas surgir de nulle part. Au contraire, elle devenait le catalyseur pour me permettre une lecture cohérente de mon expérience de vie. Surtout, elle confirmait ma croyance fondamentale que le bonheur réside dans la prise en charge de sa propre vie avec ses forces et ses limites, dans la responsabilisation de ses choix pour répondre à un mécanisme interne de survie biologique, de bonheur et de sens à la vie humaine dans le respect des autres.
CONCRÈTEMENT
Je suis dans un centre commercial, un regroupement de commerces à grande surface. Une petite fille court et crie devant ses parents. Son papa la rattrape et lui dit : « Je compte jusqu’à trois, si tu ne me donnes pas la main, je te remets dans la poussette ». La petite fille poursuit sa course. Son papa l’arrête et l’installe dans la poussette. La maman ajoute: « Nous te l’avions dit. Tu peux marcher avec nous si tu tiens la main de papa ou de maman ». Et le papa de conclure : « Nous allons faire un autre essai la prochaine fois, mais c’est terminé pour aujourd’hui ». La petite fille voulait marcher comme une grande fille. Sa demande a été acceptée, mais dans un encadrement précis : en tenant la main. Les parents veillent à sa sécurité dans cet endroit public. La conséquence a été annoncée : retourner dans la poussette. Le plan pour que la petite fille puisse atteindre son désir est qu’elle respecte la consigne la prochaine fois. Lors de la prochaine visite au centre commercial, les parents devront appliquer la même intervention. Ainsi, la petite fille se responsabilisera face à son désir de faire comme une grande fille. Ces parents viennent d’appliquer la Thérapie de la réalité, démarche concrète de la Théorie du choix. Quel bel héritage à donner à nos enfants… et à nos petits-enfants.
Je suis au téléphone avec un ami. Il interrompt la conversation et je l’entends dire à son enfant : « Est-ce que tu veux vraiment briser ton jouet? » En une question stimulant l’autoévaluation de son COMPORTEMENT en relation avec son MONDE IDÉAL (désirs personnels), en lui demandant d’évaluer son geste agressif en relation avec son désir de préserver son jouet, le parent a désamorcé une crise potentielle. Imaginez un autre scénario de contrôle externe… On pourrait entendre le papa crier après son enfant en disant de ne pas briser le jouet ou en disant d’aller dans sa chambre parce que l’enfant n’est pas gentil, etc. Ici, la punition accompagnée d’une violence psychologique se dévoile dans toute sa laideur, tout à fait à l’opposé d’une conséquence imposée par le parent dans une démarche éducative.
Prenez le temps de vous assurer que vos exigences ont été bien comprises et que vous avez bien saisi la demande de votre enfant. « Si je comprends bien, tu veux rentrer à la maison à 10 heures? » Même si vous voulez refuser cette demande, l’enfant saura au moins qu’il a été bien compris dans son monde idéal (désirs personnels). Identifiez jusqu’où vous êtes prêts à aller pour défendre une valeur importante pour vous. Votre « non » se situe à quelle limite du terrain de la liberté de votre enfant ?
Une éducatrice spécialisée auprès de jeunes mères ayant de la difficulté avec un « enfant-roi », énonce une situation fictive pour amorcer une discussion de groupe…
Votre enfant est maintenant un adolescent. Il est au téléphone. Il veut inviter une copine à coucher. Il se tourne vers vous : « Maman, en fin de semaine, il va falloir que tu couches ailleurs, car une copine va venir coucher. Aussi, on va prendre ton lit, car le mien est trop petit ». Cette situation fictive permet à la mère de se mettre en contact avec une limite intérieure qu’il n’est pas question que son adolescent piétine. C’est un non catégorique qui monte en elle. Peut-elle identifier aussi solidement quels autres comportements de son propre enfant sont autant inadmissibles avec ce non intérieur? Par exemple, si elle dit mielleusement à son enfant de ne pas donner un coup de pied à un autre enfant, son enfant pourra-t-il vraiment identifier la limite à ne pas franchir, soutenue par une valeur importante pour son parent? Vous connaissez la réponse….
AVANT-GOÛT
Mon essai de vulgarisation de la Théorie du choix de Glasser vous offre de vous accompagner dans l’établissement d’un plan d’éducation pour votre enfant de responsabilisation progressive de l’enfance jusqu’à l’âge adulte. Vous aurez toujours en tête l’importance de nourrir son besoin d’APPARTENANCE relié avec ses besoins de SURVIE, de POUVOIR, de LIBERTÉ et de PLAISIR tout en annonçant une conséquence d’un manquement à cette entente de responsabilisation progressive. Vos exigences tiendront compte de son autonomie en relation avec son âge.
Aussi vos demandes tiendront compte du MONDE IDÉAL (désirs personnels) de votre enfant. Il faut que votre jeune sente que son monde idéal a été bien compris par vous (PERCEVOIR) et qu’il sente qu’il a fait un gain vers son autonomie jusqu’à l’âge adulte… toujours dans les limites tracées par vous, selon vos valeurs.
N’est-ce pas fondamentalement ce que vous voulez? Qu’il devienne de plus en plus responsable… de son bonheur? Qu’il développe une identité de bonheur dans le respect de soi et des autres?
PÉDAGOGIE
Comme pédagogue, je suis conscient que la lecture et le contenu plus rationnel de mon introduction au modèle théorique de Glasser – même rehaussée de situations vécues, demande un plus grand effort pour les personnes ayant des compétences à dominances relationnelles ou expérientielles. Pour combler mon offre pédagogique, j’ai mis en ligne un pédablogue (pedablogue.com) avec des vidéos, des présentations dynamiques et des références d’expériences d’applications de la Théorie du choix de Glasser au niveau de la vie familiale, de la gestion de classe, dans le cadre d’une communauté thérapeutique, d’une maison de transition pour détenus, d’un centre d’accueil pour jeunes en difficulté, etc.
Ceci dit, d’autres intervenants ou intervenantes proposent une approche clairement « terrain » basée sur la Théorie du choix. Ces personnes se concentrent sur des exemples quotidiens comme parents, enseignants, intervenants ou gestionnaire de personnel.
À ce sujet, pour rendre plus concret la Théorie du choix dans la vie familiale quotidienne, je vous réfère aux articles de Brigitte Racine dans la revue Maman pour la vie. ( Elle m’a généreusement permis de me servir de ses vidéos pédagogiques sur cyberautube.com.)
« Brigitte Racine est infirmière, thérapeute familiale, diplômée de l’Université Laval, du Centre de relation d’aide de Montréal et de l’Institut William Glasser de Californie. Elle offre des conférences, formations, ateliers et consultations individuelles. »
- Participation des enfants aux tâches familiales.
- Dites OUI le plus souvent possible!
- On ne voit plus personne avec notre enfant!
- Vous arrive-t-il de répéter?
- De petits gestes qui font une grande différence.
- Le besoin d’attention.
- Quels comportements dois-je punir?
- Devrait-on récompenser les enfants?
- Les repas : retrouvailles ou batailles?
- Différencier un besoin d’un désir chez mon enfant.
- Mon fils est suspendu de l’école!
- Écouter et nommer…
- Taper, pousser et mordre.
- Besoins de l’enfant, besoins du couple.
CONCLUSION
Je crois que le nouveau-né met au monde ses propres parents : on ne naît pas parent, on le devient. Dans cet apprentissage de nos compétences parentales, il y a évidemment une part acquise. Nous ne partons pas tous et toutes sur un même pied d’égalité… comme notre enfant avec ses propres forces et faiblesses. Aussi, l’effort à s’améliorer soi-même et la bienveillance offerte à notre enfant tout au long de sa vie s’incarnent dans notre réalité complexe : notre situation de vie en couple, notre situation financière, notre niveau de scolarité, nos conditions de travail, notre état de santé, etc. Encore plus, chaque dimension pouvant changer dans notre parcours : divorce, perte d’emploi, etc.
Tout se conjugue au verbe aimer. Un amour-engagement qui prend le temps de demander conseil ou de « bûcher » sur mon livre ou de prendre du recul pour saisir calmement que vous êtes le modèle perfectible dont votre enfant a besoin à ses côtés. Pas parfait, mais en cheminement pour se responsabiliser dans son propre son rôle de parent. En fait, votre humilité à être enseignable est déjà un bel exemple de vie à transmettre à votre enfant.