DÉPLOIEMENT DE SOI

PSYCHOLOGIE POSITIVE

 

« Du mouvement humaniste est vraisemblablement née la psychologie positive. Mais il est indéniable que cette dernière surpasse l’humanisme des années 1960, braquées sur une forme de nirvana individuel et sur l’apologie du me, myself and I. La psychologie positive encourage le développement d’une personne saine dans une « société saine », l’une étant indissociable de l’autre. » Lucie Mandeville, psychologue.


ÊTRE UNE PERSONNE OU ÊTRE PERSONNE

S’entraider, Jacques Limoges.

« Néanmoins, plus que jamais les entraidants et les groupes d’entraide rendent caduque un concept « chouchou » pour ne pas dire « pop » des sociétés modernes, celui d’autonomie. Et en écrivant ces lignes, je suis très conscient que je touche un mot vénéré et adulé, parfois même tabou.
Ici, il sert de paravent à cet enseignant désabusé qui ne veut plus rien savoir de ses élèves; alors il dit favoriser l’autonomie pour couvrir sa démission, son laisser-aller, son indifférence. Là, c’est un organisme communautaire maintes fois ébranlé par des coupures de postes et de budget qui prononce ce mot magique en espérant que les gens comprennent quelque chose comme : « débrouillez-vous tout seuls, nous on est débordés ». À côté, ce sont des résidences pour personnes âgées à la recherche de bénéficiaires autonomes, c’est-à-dire capables de se déplacer seuls. Et ailleurs, ce sont des adultes qui, refusant de voir les enfants différents d’eux-mêmes ou se projetant sur eux, se sécurisent en récitant le mot béni pendant que leur progéniture développe un individualisme infantile et mesquin. (…)

Sans prétendre résoudre ce problème ni vouloir tout réfuter, au nom de l’entraide, je voudrais introduire dans le débat deux considérations.
La première porte sur le fait que les théories structuro-développementales rigoureuses comme celles de Loevinger prennent en compte l’autonomie, la placent même au stade ultime, mais précisent par ailleurs que la seule façon d’y accéder, c’est en complétant les stades précédents, qualitativement différents les uns des autres. Ainsi, certains portent sur la conformité et la solidarité, ce qui fait que le stade autonome risque de naître l’apanage que des gens pétris par les interactions de la vie et du temps.
Ma seconde considération s’appuie sur Coan. Dans un livre au titre accrocheur que je traduis par Héros, artiste, sage ou saint?, Coan fait état d’une étude sur les concepts de santé mentale, de normalité, de maturité, d’actualisation et d’épanouissement humain. Ces concepts furent d’abord retracés dans les différentes périodes (la Renaissance, le Siècle des lumières, etc.) des civilisations occidentales (grecques, chrétiennes, etc.). Il les a aussi retracées dans les traditions orientales (hindouisme et bouddhisme). En troisième lieu, il a exploré les écrits des maîtres de la psychologie moderne : Freud, Adler, Fromm, Erickson, Assagioli, Berne, Skinner, Allport, Rogers, Maslow et Perls. Enfin, il les a répertoriés chez les grands philosophes : Kierkegaard, Nietzsche, Heidegger, Jasper, Marcel et Sartre.
Ce long périple lui a permis de cerner le noyau dur de la personne optimalisée, quel que soit l’âge, le temps, le modèle ou la région. Or, ce noyau dur se compose de cinq qualités :
– efficacité, créativité, harmonie interne, « relationalité » (relatedness), transcendance.
On notera que l’autonomie n’en fait pas partie. Au contraire, c’est la « relationalité » qui ressort de la sagesse des temps et des espaces. (…)
À mon avis, seule une grille multidimensionnelle comme celle dégagée par Coan peut permettre d’évaluer une prise en charge. Cette grille permet de savoir, lorsqu’une personne se rattache à un groupe d’entraide, si cette action suit la ligne optimalisante de son être. Elle permet de constater qu’établir des réseaux de soutien et d’entraide est le propre de tout être vivant, car on se sauve en groupe. (…)
Qu’on se le dise, il n’y a pas vraiment de prise en charge, de maintien à domicile ou d’intériorisation des règlements si ces démarches ne sont pas assurées dans l’interpersonnalité !
Très près du concept d’autonomie sont ceux d’individualisation, de personnalisation et de particularisation. À force d’individualiser et de personnaliser, on m’a enfin fait comprendre pourquoi le mot personne peut signifier aussi bien quelqu’un que aucun. Oui, à force de personnaliser et d’individualiser, on divise et isole les gens, on les laisse à eux-mêmes; ils ne deviennent personne ! »


(Attendez-vous à remettre en question le credo du coup-de-foudre-perpétuel comme garant d’une véritable passion amoureuse)

Isabelle Constant – Le problème du désir chez les couples installés – TEDxVaugirardRoad


MA PERCEPTION

Qu’est-ce que je perçois de commun entre ces trois auteurs ? Plus loin, je vais développer le terme de frontières. La recherche du bonheur qui ne peut se vivre en vase clos. Après avoir épuisé les ressources du moi à se suffire à lui-même, il arrive à la frontière de son individualité, selon Lucie Mandeville. L’individuation a cette force de protéger les fragilités du moi et de révéler sa singularité. Cependant, la démarche auto-thérapeutique du moi le piège jusqu’à la possible perte de son unicité, selon Jacques Limoges. Puis, Isabelle Constant nous bouscule jusque dans notre mécanique interne du désir sexuel, à la frontière du moi qui s’est habitué à la mainmise d’une libido élémentaire. Elle parle que la planification, l’entente et le compromis peuvent enrichir la vie sexuelle partagée. Discours pas très tendance dans notre société du plaisir rapidement consommable.

 

 

 

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