Judith Viorst

téléchargement (5)Judith Viorst

Les renoncements nécessaires (« Necessary Losses », 1986), 1988, éditions Robert Laffont, Paris

À la fin des années 1970, après deux décennies consacrées à l’écriture de romans et essais pour adultes et enfants, elle se tourne vers l’étude de la psychanalyse et sort diplômée en 1981 du Washington Psychoanalytic Institute.

renon

POCKET, “EVOLUTION”, 2003

Devenir adulte, c’est apprendre à renoncer. « On ne peut aimer profondément sans devenir vulnérable à la perte de l’objet aimé, et on ne peut devenir un être responsable, conscient, relié aux autres, sans passer par les moments de renoncement, de deuil, de lâcher-prise. » Judith Viorst retrace pour nous le long chemin qui va de la première séparation à la perte des illusions et de la jeunesse. Sans oublier la réalité de notre propre mort, qui doit nous trouver prêts, et, à l’instant ultime, nous fait grandir encore. Un très beau livre, qui éclaire la théorie psychanalytique de façon vivante, accessible, non doctrinale. Un texte personnel, nourri d’expériences, de références littéraires, qui nous aide à ouvrir cette porte parfois close, parfois juste entrouverte sur l’acceptation de ces renoncements nécessaires, sur la voie de la sérénité.

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psychotherapie.over-blog.com

J’ai beaucoup apprécié ce livre. L’auteur éclaire la théorie au moyen d’exemples simples et nombreux ; son ton  est bienveillant ;  le choix de la chronologie facilite la lecture et la compréhension de l’oeuvre.

Je recommande ce livre enrichissant et abordable à tous ceux que la notion de séparation (physique , psychique, affective…) questionne.

 

Un extrait de la quatrième de couverture

« Il  y a quantité de choses auxquelles il nous faut renoncer pour devenir adulte.

On ne peut pas aimer profondément sans devenir vulnérable à la perte de l’objet aimé et on ne peut devenir un être responsable, conscient relié aux autres, sans passer par les moments de renoncements, de deuils, de lâcher -prise.

Judith Viorst, avec esprit, courage, lucidité, retrace pour nous le long chemin qui va de la perte des illusions et de la jeunesse, au départ ou à l’abandon de ceux que nous aimons, à leur disparition. Sans oublier la réalité de  notre propre mort, qui doit nous trouver prêts, et, à l’instant ultime, nous fait grandir encore. »

Quelques notions et passages  qui ont retenu mon attention

La compulsion de répétition

A propos de la compulsion de répétition, qui consiste à « reporter sur le présent » un élément de son passé.

« On répète le passé en reproduisant des situations antérieures  (…)

Nous répétons aussi le passé en superposant des images parentales sur le présent, aussi flou que soit le résultat…

On répète le passé même lorsqu’on essaie consciemment de ne pas le faire, même si la tentative est désespérée…

Comment expliquer « la compulsion à répéter ce qui fait mal » ?

Selon l’auteur, « elle peut être comprise comme une tentative désespérée pour (..) réécrire le passé. » dans le but d’écrire « une fin différente ».

Ainsi « par la répétition d’expériences pénibles nous exprimons notre refus de laisser reposer en paix les fantômes de notre enfance. Nous continuons de réclamer à grands cris une chose qui ne peut pas être. On peut bien nous applaudir à tout rompre, maintenant, maman ne nous applaudira pas à cette époque-là. Il faut renoncer à cet espoir, laisser tomber.

Mais c’est en vain.

« Car nous ne pouvons pas embarquer dans une machine à remonter le temps, redevenir l’enfant disparu depuis si longtemps et obtenir ce que nous voulons au moment où nous en avions si désespérément besoin. Le temps de tout obtenir est fini et bien fini. Nous avons des besoins que nous pouvons satisfaire par d’autres moyens plus valables, des moyens qui donnent lieu à une expérience nouvelle. Mais tant que nous n’avons pas pris le deuil de ce passé, tant que nous n’y avons pas renoncé, nous sommes condamnés à le répéter.

La culpabilité

Nous éprouvons tous de la culpabilité et cela est nécessaire. Mais parfois, nous éprouvons une culpabilité excessive, « inadéquate ».

C’est la cas, lorsque :

–  nous confondons pensées et actes coupables, mauvaise pensée et mauvaise action.

– « nous prenons des mesures punitives disproportionnées. Pour un acte répréhensible qui ne devait entraîner qu’un « je vous demande pardon » (…), on assiste à de surprenants actes d’auto-flagellation : « j’ai fait cela, comment ai-je pu faire faire ça, seul un monstre de bassesse et d’immoralité peut faire une chose pareille, en conséquence de quoi je condamne ce criminel (moi-même) à cette mort ».Cette culpabilité excessivement punitive revient parfois à verser tout un bol de sel sur un sandwich œuf-salade. Personne ne nie que le sandwich manque de sel, mais pas à ce point-là. »

– autre excès possible : la culpabilité qui se fonde sur l’idée que nous sommes responsables des échecs, déboires, maladies ou difficultés des autres.

« Ce qui se passe ici c’est qu’en prenant la faute sur soi on se donne un pouvoir de vie ou de mort. On se dit qu’on préfère se sentir coupable plutôt que désemparé, privé de contrôle.

D’autres ont besoin de croire que Quelqu’un Là-Haut détient le contrôle.(…) Il y en a qui n’acceptent pas l’idée que la souffrance frappe au hasard. (…) Ils ajoutent ainsi à leur douleur la conviction de souffrir parce qu’ils le doivent, la certitude que leur douleur est la preuve suffisante   de leur culpabilité. (…)

L’analyste Selma Fraiberg dit qu’une conscience saine produit des sentiments de culpabilité proportionnés à l’acte et que ceux-ci servent à prévenir d’éventuelles réitérations de l’acte ».

Cette culpabilité se distingue de la culpabilité névrotique qui « peut être introduite par les événements  des temps pré oedipiens ( par l’angoisse et la colère suscitées par les séparations précoces ou les conflits avec les parents…) ex : « j’ai été abandonné parce que j’ai été méchant, donc je mérite d’être puni. Ou bien elle peut condamner fermement les aspects de nous-mêmes que condamnent nos parents (…) Ou alors elle peut véhiculer un lourd fardeau de colère jadis dirigée contre père et mère et désormais énergiquement recentrée sur nous-mêmes. »

Etre adulte

« Etre un homme c’est, précisément, être responsable » Antoine de Saint-Exupéry

« Un adulte sain peut quitter et être quitté. Il peut survivre en sécurité par lui-même. Mais il est également capable de s’investir et d’avoir une vie intime. (…)

Un adulte sain peut intégrer les dimensions multiples de l’expérience humaine, abandonner les simplifications de la folle jeunesse, tolérer l’ambivalence, envisager la vie sous plusieurs angles à la fois (…)

Un adulte sain a, en outre une conscience et bien entendu une culpabilité, la capacité d’éprouver du remords et de se pardonner à lui-même. Notre moralité nous apporte des restrictions, pas un handicap (…)

Un adulte sain peut partir à la recherche de son plaisir et en jouir, mais il est aussi capable de regarder sa douleur en face et d’y survivre. En s’adaptant de façon constructive et en se défendant de façon souple, il se rend capable  d’atteindre des objectifs importants. Nous avons désormais appris à obtenir ce que nous voulons, et aussi à rejeter l’interdit et l’impossible, bien que (à travers nos fantasmes) nous restions en communication avec eux..

Mais nous savons établir une distinction entre réalité et fantasme.

Et nous sommes en mesure (ou relativement en mesure ) d’accepter la réalité

Et nous sommes  (pour la plupart) disposés à rechercher nos gratifications dan le monde réel.

(…)

Accepter la réalité c’est être parvenu à un compromis avec les limitations et les imperfections du monde (ainsi qu’avec les nôtres). C’est aussi fixer des objectifs réalisables, des compromis et substituts qui viendront prendre la place des rêves infantiles parce que…

Un adulte sain sait que la réalité n’a à lui offrir ni sécurité infaillible ni amour inconditionnel.

(…)

Il faut du temps pour grandir, et il nous faudra peut être longtemps pour apprendre à équilibrer rêves et réalités ».

Etre parent

« (…) Il y a des limites au pouvoir qu’ont les parents. (…)

Nous vivons  avec le fantasme de sauver nos enfants.

La réalité nous rejoindra plus tard alors que nos enfants sont sortis et que le téléphone sonne. Elle viendra nous rappeler (comme nous décrochons et que notre cœur s’arrête de battre) que tout , même le pire, peut arriver. Et pourtant, même si le monde est plein de périls, et la vie des enfants dangereuse pour leurs parents, il faut qu’ils partent, il faut les laisser partir. En espérant qu’on les a convenablement pourvus pour le voyage. En espérant qu’ils mettront des bottes pour marcher dans la neige et que s’ils tombent, ils se relèveront. En espérant… »

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